L'essentiel sur les études cliniques
Notions de bases
Patients à Cœur, comme son nom l’indique, signifie que nous respectons les personnes qui participent à des études cliniques et que nous en prenons soin. Notre mission est de vous aider à comprendre les notions de base des études cliniques : quels sont les types d’étude, qui en sont les commanditaires (aussi appelés promoteurs), qui assure leur régulation, qui les exécute, quels sont les droits et les mesures de protection des patients et à quoi vous attendre si vous ou un de vos proches participez à une étude.
Une étude clinique consiste à observer ou à traiter des patients afin de mettre au point ou de découvrir de nouveaux traitements ou médicaments. (Dans la suite, le terme étude clinique sera utilisé comme synonyme d’essai clinique.) Presque tous les progrès médicaux sont réalisés grâce aux volontaires dévoués qui participent à des études cliniques. Sans eux, le milieu médical ne serait pas en mesure d’aider des milliers, voire des millions de patients.
Ces études de recherche soigneusement planifiées permettent aux scientifiques de répondre à des questions comme : « Le médicament A est-il plus efficace que le médicament B? » ou « Les patients se rétablissent-ils plus vite lorsqu'ils prennent ce nouveau médicament avant ou après une chirurgie cardiaque? » Les scientifiques peuvent évaluer avec précision des médicaments en étudiant leurs effets sur des personnes en bonne santé et sur des personnes souffrant de la maladie visée par le médicament.
Les médicaments sont-ils testés avant l’étude clinique?
Chaque nouveau médicament fait l’objet de rigoureux tests précliniques effectués sur des cellules et sur des animaux. Ce n’est que si le médicament possède un potentiel d’efficacité qu’il peut passer à l’étape des études cliniques chez l’être humain.
Quelle est la démarche des chercheurs durant une étude clinique?
Chaque étude suit un plan de recherche strict, appelé « protocole », établi par des chercheurs avant le début de l’étude. Ce plan détaillé de l’étude comprend :
- le contexte, c’est-à-dire ce que nous savons jusqu’à maintenant sur la maladie et le médicament;
- le fondement, c’est-à-dire la raison pour laquelle nous devons mener cette étude particulière et les questions auxquelles nous désirons répondre;
- les objectifs, c’est-à-dire la manière dont nous saurons si le médicament fonctionne et les mesures que nous utiliserons;
- la structure et la méthodologie, c’est-à-dire les règles scientifiques que les chercheurs suivront pour mettre leurs hypothèses à l’épreuve;
- l’organisation générale, c’est-à-dire la fréquence à laquelle les patients seront vus et les diverses tâches de l’équipe de recherche.
Pourquoi les études sont-elles si strictes?
Par-dessus tout, ce type de discipline garantit la sécurité des participants grâce à une surveillance étroite. De plus, elle assure des résultats exacts, bien documentés, fiables et crédibles.
Nous faisons de la recherche clinique pour améliorer, ou sauver, la vie des gens. Chaque percée dans les connaissances médicales nous rapproche de traitements plus efficaces et permet de soulager les personnes atteintes d’une maladie. En fait, la recherche scientifique implique un questionnement constant et les réponses surviennent la plupart du temps dans le cadre d’études cliniques.
Les chercheurs veulent connaître l’efficacité d’un médicament, la façon sûre de l’utiliser, et la manière de dépister, de diagnostiquer et de traiter les problèmes de santé.
Ce qu’on peut chercher à savoir :
- Comment peut-on mieux diagnostiquer l’affection en question et en reconnaître les facteurs de risque?
- Ce nouveau médicament est-il sûr?
- Lequel de ces médicaments existants fonctionne le mieux?
- Ce médicament existant est-il plus efficace lorsqu’il est administré par voie orale ou par injection?
- Comment utiliser de manière sûre ce médicament chez une population différente (p. ex., les enfants)?
- Comment prévenir l’évolution ou la récurrence de cette affection?
Le groupe qui entreprend une étude clinique est appelé commanditaire (ou promoteur). Il peut s’agir d’une entreprise, d’une université ou d’un établissement de santé, d’un groupe privé ou public et même d’une personne.
Le médecin qui effectue la recherche en elle-même et qui interagit avec les patients est appelé chercheur ou chercheur principal. Ces médecins chevronnés ont en général leurs propres patients en dehors du contexte de l’étude. Les médecins qui vouent leur carrière exclusivement à la recherche clinique possèdent la même formation médicale et les mêmes compétences.
Tous les médecins chercheurs suivent une formation supplémentaire sur la conduite de la recherche clinique et sur l’attention particulière à consacrer aux participants.
Soyez sans crainte : les personnes autorisées à mener des études cliniques et les conditions dans lesquelles elles se déroulent font l’objet d’une réglementation stricte édictée par les gouvernements.
Sur le plan international : | les bonnes pratiques cliniques |
Sur le plan national : | Santé Canada |
Mesures et examens indépendants supplémentaires
Avant et pendant une étude : | comité d’éthique |
Protection individuelle des patients : | consentement éclairé |
Toutes ces mesures assurent que les études cliniques soient les plus sécuritaires et éthiques possible et peu susceptibles de compromettre le bien-être du patient.
Les bonnes pratiques cliniques protègent les patients
Les règlements appliqués dans différents pays sont habituellement assez semblables, car ils sont fondés sur des normes internationales appelées « les bonnes pratiques cliniques », élaborées par la Conférence internationale sur l’harmonisation (CIH).
Santé Canada protège les patients
Au Canada, les études cliniques sont réglementées par Santé Canada. Tout comme elles le sont aux États-Unis par la Food and Drug Administration (FDA) et dans l’Union européenne par l’Agence européenne des médicaments.
À titre d’organisme gouvernemental chargé de la santé publique nationale, Santé Canada doit veiller à ce que les commanditaires assurent la sécurité des participants. Cet organisme supervise et réglemente les phases I à III de toutes les études cliniques menées au Canada.
Les comités d’éthique protègent les patients
Le comité d’éthique est aussi parfois appelé « comité d’éthique indépendant » (CEI), « comité d’éthique d’établissement » (CEE), « comité d’examen éthique » ou « comité d’éthique de la recherche » (CER). |
Chaque étude régie par Santé Canada doit aussi être examinée, approuvée et surveillée par un comité d’éthique. Composé de médecins, de chercheurs et de membres de la collectivité, le comité d’éthique s’assure que les risques liés à la recherche sont réduits au maximum et sont raisonnables par rapport aux avantages éventuels. Avant qu’une étude clinique puisse débuter au Canada, son chercheur principal doit présenter une demande détaillée au comité d’éthique affecté à l’étude. Afin de protéger les droits des participants, les comités d’éthique approuvent initialement les études cliniques, puis les examinent pendant leur déroulement.
Le consentement éclairé protège les patients
Si vous désirez participer à une étude clinique, vous devrez donner votre consentement avant le début de l’étude. Cette façon de faire permet de s’assurer que les patients comprennent parfaitement les particularités et les objectifs de l’étude et qu’ils soient informés tout au long de l’étude.
Le consentement éclairé est très important à la fois pour les patients et les chercheurs. Chaque participant doit connaître les détails de l’étude et savoir comment le consentement éclairé le protège.
Les directives particulières de chaque étude clinique – son protocole – établissent comment l’étude doit être menée, notamment qui sont les personnes qui peuvent ou ne peuvent pas y participer. L’admissibilité dépend du type de recherche effectuée et des exigences relatives à la sécurité des patients. Par exemple, un médicament pour le cœur pourrait affecter différemment une personne diabétique, ce type de patients sera alors exclu. Une étude nécessite parfois des patients souffrant d’une affection particulière ou se trouvant à un stade particulier d’une maladie, alors que d’autres études exigent des volontaires en bonne santé.
Les raisons vous permettant de participer à une étude sont appelées « critères d’admissibilité » et les raisons qui pourraient vous en empêcher, « critères d’exclusion ». Déterminez si vous pourriez participer à une étude clinique.
JARGON CLINIQUE
Selon les objectifs de la recherche, on utilise différentes méthodes pour mener les études. Vous trouverez ici une explication de chacune d’elles, de même que la terminologie qui y est associée. Voici les trois principaux termes, et leurs synonymes, qu’un patient est susceptible d’entendre dans le cadre d’une étude clinique : randomisation (ou répartition aléatoire), à l’insu (ou à l’aveugle) et comparative avec placebo (ou contrôlé par placebo).
Une étude randomisée (à répartition aléatoire) vise à diviser les patients en deux groupes comparables, portant le nom de « bras » ou simplement de « groupe ». Ainsi, la répartition aléatoire des patients permet par exemple d’obtenir des groupes contenant chacun :
- des personnes d’âges similaires;
- autant d’hommes que de femmes;
- des patients souffrant de la maladie au même degré.
Dans les études randomisées, le chercheur détermine au hasard quel traitement recevra chaque patient, par exemple, soit le médicament 1 ou le médicament 2. À cette étape, on ne sait pas encore quel médicament fonctionne le mieux, même si, par exemple, le médicament 2 est le plus « récent ».
Dans une étude à l’insu (à l’aveugle), les patients ne savent pas quel médicament ils reçoivent. Cela permet aux chercheurs de comparer les effets du médicament de la manière la plus impartiale possible.
Les études comparatives avec placebo (contrôlés par placebo) servent à comparer les résultats en administrant le médicament à l’étude à un groupe, et un placebo (médicament inactif) à un autre groupe.
Les organismes gouvernementaux d’examen exigent que des études randomisées, à l’insu et comparatives avec placebo soient effectuées avant qu’un médicament puisse être considéré aux fins d’une approbation de mise en marché. Cette méthodologie vise à assurer l’efficacité du médicament et l’impartialité des résultats de l’étude.
En savoir plus sur les bonnes pratiques cliniques
LES PHASES D’ÉTUDE
Pour tout nouveau médicament ou produit pharmaceutique, on doit entreprendre les trois phases obligatoires de la recherche clinique afin de valider l’innocuité et l’efficacité du médicament avant que ce dernier puisse être approuvé pour un emploi général. Tous les médicaments homologués au Canada sont soumis à ces phases d’études, et lorsqu’un médicament approuvé pour le traitement d’une affection est considéré en vue d’une autre indication, il doit y être soumis de nouveau.
Toutes les phases sont surveillées de manière stricte par plusieurs instances réglementaires. Le processus entier peut parfois prendre des années, et il dépend totalement de la collaboration avec les patients et le personnel du centre où se déroule l’étude.
|
Population cible |
Nombre moyen de patients |
---|---|---|
Phase I |
Patients en bonne santé |
De 20 à 80 patients |
Phase II |
Première évaluation chez les patients atteints de la maladie visée |
De 100 à 300 patients |
Phase III |
Patients atteints de la maladie visée |
De 300 à 3000 patients |
Approbation de Santé Canada pour l’emploi dans la population générale |
||
Phase IV |
Patients atteints de la maladie visée |
Variable – grand nombre de patients |
Une fois que les analyses précliniques ont montré qu’un médicament pourrait être efficace et qu’il semble suffisamment sécuritaire, il est étudié sur un très petit groupe de volontaires en bonne santé. Les études de phase I peuvent comporter des exceptions si elles portent sur le cancer ou sur des maladies rares pour lesquelles les patients, très malades, n’ont pas d’autres options de traitement.
Ce qu’on cherche à savoir :
- Quel est l’effet du médicament chez les humains?
- Quelle dose est la plus sûre?
- Quelle est la meilleure manière de le prendre (p. ex., injection, comprimé, etc.)?
- Quel est le comportement pharmacocinétique du médicament?
- Comment le médicament est-il absorbé?
- Comment est-il distribué dans le corps, p. ex., le comprimé se diffuse-t-il dans tous les organes ou demeure-t-il dans l’estomac? (C’est un facteur important lorsqu’il est question de traiter une maladie du foie et que le médicament ne pénètre pas le foie en concentrations suffisantes.)
- Comment est-il transformé et éliminé par le corps?
À la fin de la phase I, si le médicament semble sûr pour les gens en bonne santé, il passera en phase II, où il sera testé auprès d’un petit groupe de personnes atteintes de la maladie visée.
Il s’agit de la première fois où le médicament sera testé chez les patients atteints de la maladie visée par l’étude. Les chercheurs désirent établir l’efficacité et l’innocuité du médicament pendant une période relativement courte, souvent dans le cadre d’études randomisées, à l’insu et comparatives avec placebo réalisées auprès de 100 à 300 sujets.
Ce qu’on cherche à savoir :
- Quelle est l’efficacité du médicament sur la maladie visée?
- Quel est son profil d’innocuité?
- Quelle est la dose la plus efficace occasionnant le moins d’effets secondaires?
Une fois que la phase II a permis d’obtenir des résultats positifs sur le plan de l’efficacité, de l’innocuité et de la posologie optimale, le médicament peut passer à la phase III, qui portera sur davantage de patients et durera plus longtemps.
L’étude, d’une durée plus longue, est maintenant étendue à beaucoup plus de patients souffrant de la maladie visée. Cette phase porte sur 300 à 3000 patients et les tests servent à évaluer les effets à long terme du médicament. On mène habituellement plusieurs études de phase III, car le médicament est également comparé aux traitements actuels ou à un placebo, au moyen d’études randomisées, à l’insu ou comparatives avec placebo.
Ce qu’on cherche à savoir :
- À quel point le médicament est-il sûr et efficace à long terme?
- Comment ce médicament se compare-t-il aux traitements actuels pour la même affection?
- Comment ce médicament se compare-t-il à un placebo?
Après la réalisation réussie de la phase III, le médicament peut être soumis à l’approbation de Santé Canada en vue d’une utilisation éventuelle par la population générale, c’est ce qu’on appelle l’homologation. Une fois approuvé, le nouveau médicament peut être commercialisé.
Aussi appelées études de post-commercialisation ou de pharmacovigilance, les études de phase IV visent à recueillir les résultats liés à l’emploi du médicament une fois mis sur le marché dans la population générale. Ces données complètent tous les résultats provenant des phases d’études précédentes.
Parfois, les autorités de réglementation, comme Santé Canada, n’approuvent la commercialisation d’un médicament qu’à condition que ses effets fassent l’objet d’une surveillance dans le cadre d’études de phase IV, menés auprès de groupes de patients légèrement différents de ceux de la phase III ou sur une période plus longue. La plupart du temps, il s’agit d’études réalisées par observation servant à recueillir des données en « situation réelle » sur des patients qui prennent le médicament sur recommandation de leur médecin.
Ce qu’on cherche à savoir :
- Quelles sont les conditions à long terme du nouveau médicament sur le plan de l’utilisation optimale, de l’efficacité et de l’innocuité?
- Comment le nouveau médicament se compare-t-il à d’autres produits déjà sur le marché?
- Comment le médicament influence-t-il la qualité de vie des patients?
Soumettre un médicament aux trois phases de la recherche prend habituellement plusieurs années, et cela serait impossible sans la collaboration des patients, des médecins et du personnel du centre où se déroule l’étude. Chaque médicament offert aux Canadiens a suivi ce parcours long et rigoureux, étroitement surveillé par de nombreuses instances de réglementation.